L'Ambassadeur Sakombi en compagnie du président français Jacques Chirac.
Rencontrer Dominique Sakombi Inongo et m’entretenir avec lui en tête à tête a été pour moi un réel plaisir . La presse écrite , les médias audiovisuels , les journalistes , les étudiants de l’ISTI … doivent une fière chandelle à ce chevronné de la communication , plusieurs fois patron du Département de l’ Information et Presse ou du Ministère de la Communication . En raison de l’intérêt commun que nous portons tous les deux vis-à-vis de notre profession , nous avons illico commencé notre entretien en parlant « journalisme et journalistes » …
- Bondo Nsama : Robert Menard , secrétaire général de « Reporters sans frontières » a récemment qualifié certains journaux congolais de « torchons ». Est-ce aussi votre opinion , en votre qualité de communicateur , ancien Ministre du secteur des médias et de Vice-Président de la Haute Autorité des Médias ?
- Dominique Sakombi Inongo : Je partage le point de vue de Robert Ménard. Il a fait une observation juste et responsable et émis une opinion equitable de la presse et des journalistes congolais. Rappelez-vous , en septembre 2000 , quand Mzee Laurent-Désiré Kabila m’a nommé Ministre de la Communication , j’ai établi un constat analogue et j’ai entrepris le travail titanesque d’assainissement des médias publics et privés.
-BN : Déjà en 1971 , vous avez tordu le cou à des canards boîteux …
- Dominique Sakombi Inongo : Je ne vous le fais pas dire. Et ce n’est pas à vous que j’apprendrai d’ailleurs qu’en 1971 , j’ai signé des arrêtés interdisant la parution de plus de cent journaux , dont la publication était non conforme aux éxigences légales et aux impératifs réglementaires.
-BN : En 2000 , c’est la tentative d’assainissement ? Est-ce une volonté délibérée de rééditer le coup de 1971 ?
- Dominique Sakombi Inongo : Ce n’est pas une simple tentative. C’est une action que j’inscrivis alors dans mon programme d’action , à ma nomination en qualité de ministre de la Communication. Tout au long de mon mandat , je m’en étais tenu à la loi n° 96/002 du 22 juin 1996 et à sa stricte application. Un délai fut alors accordé aux gestionnaires des organes d’information , pour se conformer aux dispositions de la loi. Concrètement , les éditeurs et propriétaires des journaux ou écrits périodiques non en règle furent invités à déposer , auprès du Secrétariat général du Ministère de la Communication , un déclaration de publication , en vue de la régularisation de leurs dossiers respectifs.
- BN : Menard a également fustigé le laxisme des instances de re Régulation , d’Autorégulation et de l’UNPC contre les médias coupables des fautes de déontologie et d’éthique. Que ne fait pas la HAM qu’elle aurait dû faire contre les dérapages dans les médias ?
- Dominique Sakombi Inongo :La HAM ne sanctionne pas assez. Elle ne sanctionne pas toutes les fautes professionnelles et tous les abus de la liberté de la presse. Si elle appliquait scrupuleusement la loi et les barèmes de sanctions de la loi n° 04/017 du 30 juillet 2004 régissant la HAM , on fermerait toutes les stations de radiodiffusion et toutes les chaînes de télévision. On interdirait la quasi-totalité des journaux , parce qu’ils seraient tous passibles de sanctions.
- BN : Et l’ OMEC , l’ UNPC ?
- Dominique Sakombi Inongo : Les dirigeants de l’OMEC et de l’UNPC sont responsables de leurs organisations respectives.Ils savent jusqu’où vont leurs responsabilités dans les dérapages des médias audiovisuels et de la presse écrite… Je reviens sur la responsabilité des animateurs de la HAM qui font leurs premiers pas dans le domaine de régulation . Les journalistes doivent également savoir que la régulation est incontournable. C’est pourquoi , le Bureau de la HAM a recouru jusqu’ici à la méthode pédagogique , plutôt qu’à la rigeur de la sanction disciplinaire.
- BN : Jusque quand ?
- Dominique Sakombi Inongo : En général , les journalistes ignorent le contenu des lois qui régissent leur profession. Beaucoup d’entre eux ne connaissent même pas la loi portant organisation , attributions et fonctionnement de la HAM. En conséquence , ils crachent constamment sur la déontologie et l’éthique. C’est curieux , quand on sait qu’aujourd’hui 80 pc des journalistes sont des diplômés de l’IFASIC.
- BN : L’enquête de « JED » dans le double meurtre de Ngyke et son épouse semble avoir impliqué le PPRD. Craignez-vous comme Robert Menard , une politisation de l’enquête ?
- Dominique Sakombi Inongo : Oui , je le crains ou plus exactement j’ai craint , un moment que l’enquête soit politisée.
Le jugement de Menard vis-à-vis des hommes des médias , des politiques et même des instances judiciaires a permis le dégel auquel on assite actuellement . Il faut que les instances judiciaires fassent leur travail , en toute indépendance. Mais , qu’elles le fassent bien et promptement, sans donner l’impression de faire pourrir la situation ni subir des pressions extérieures. C’est cela qui agacerait les journalistes.
- BN : Quelle conclusion pouvez-vous tirer des propos du journaliste Booto qui a confirmé avoir écrit des mensonges , au sujet des 30 millions de dollars américains du prétendu don du Président de la République à la Tanzanie ?
-Dominique Sakombi Inongo : Voilà le genre d’individus qui portent le discrédit sur notre profession… Ils sont susceptibles de déconsidérer , à eux seuls , la profession entière. Ceux qui agissent ainsi mériteraient , à mon humble avis , la radiation. Le journalisme est un métier des « chevaliers » de la plume , des hommes d’honneur …
- BN : Presse « pourrie » , Presse « clochardisée » , Presse « chiffon » , Presse « tract » … Quelle solution pour sortir la presse congolaise de ces clichés ou de ces accusations pour le moins sévères ?
- Dominique Sakombi Inongo :La profession fait face à plusieurs défis. D’abord , assurer constamment au journaliste congolais les indispensables garanties de liberté , de dignité et de sécurité , sans lesquelles le métier devient un agora d’intrigants et d’aventuriers. Ensuite , instaurer un salaire minimum pour toute la profession. Les journalistes doivent , par ailleurs , s’engager librement mais inconditionnellement , sous peine d’être sanctionnés , à respecter les règles qui régissent la profession . C’est ce que l’on nomme ordinairement la déontologie. C’est l’équivalent , pour la profession journalistique , de ce qu’est le « Serment d’ Hippocrate » chez les médecins. Les améliorations nécessaires ne sauraient se concevoir sans une élévation de la qualification et un sens des résponsabilités. Outre la formation académique , c’est le cas de la majorité des journalistes actuels , il faut poursuivre l’organisation des stages de perfectionnement , des ateliers , des séminaires de formation , etc … Enfin , il faut que l’ Etat assure à la presse son soutien matériel et financier , des avantages fiscaux , postaux et ferroviaires non négligeables… Bref , les Pouvoirs publics se doivent de lui accorder des aides directes et indirectes. C’est là , en gros , l’esquisse d’une solution en faveur des médias publics et privés.
- BN : Qu’est-ce que la HAM a décidé concrètement dans le cadre de la campagne électorale , au profit de la presse écrite et des médias audiovisuels ?
- Dominique Sakombi Inongo : La HAM a pris des dispositions dans trois axes :
1° Les dispositions réglementaires régissant la période de la campagne électorale : directives , décisions , observations , etc …
2 ° La formation . Il s’agit de renforcer les capacités multisectorielles des journalistes congolais , dans le cadre de la couverture médiatique de la période de campagne électorale.
3 ° Les dispositions financières. Avec les responsables des médias audiovisuels et écrits , la HAM a élaboré un budget indispensable pour la production relative à la campagne électorale. Ce budget a déjà été soumis , pour disposition , au Gouvernement et aux bailleurs de fonds.
- BN : Joseph Kabila Kabange vient de déposer sa candidature à la magistrature suprême. Il a pris son temps pour se déclarer candidat à sa propre succession. Quelle intereprétation faites-vous de cette candidature intervenue la veille de la date de clôture du dépôt des candidatures , c’est-à-dire avant les prolongations ?
- Dominique Sakombi Inongo :D’abord , c’est son droit , en tant que citoyen congolais remplissant les conditions d’éligibilité à la fonction présidentielle de se porter candidat à la présidentielle. D’autant plus qu’il a une vision pour la RDC et un programme de gouvernement. Quant au moment du dépôt de sa candidature , je pense qu’il relève d’un certain nombre de facteurs , notamment de la stratégie politique et du respect des électeurs : ni précipitation inconsidérée , ni retard intempestif.
- BN : Est-il du bois dont on fait les chefs d’Etat ? En d’autres termes , lui reconnaissez-vous des qualités exceptionnelles pour de si hautes charges publiques ?
- Dominique Sakombi Inongo : Le président Kabila est connu du public pour son flegme. Il parle peu , écoute beaucoup. Sans doute , pour ne pas montrer qu’il réflechit encore plus. En acceptant l’organisation du Dialogue intercongolais , en acceptant le partage du pouvoir d’Etat avec les ex-belligérants , l’Opposition politique et la Société civile , Joseph Kabila a non seulement donné un exemple de patriotisme et de probité , mais il a également fait montre de grandeur d’âme , malgré sa jeunesse. On ne peut ne pas être impressionné et séduit par une telle décision , qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas.
- BN : Vous le voyez succéder à lui-même ?
- Dominique Sakombi Inongo : Quand un homme est capable de tenir ses promesses , qu’il n’ a qu’une parole et qu’il a enfin cette force de caractère et l’exerce sans effort apparent , il a obligatoirement un destin. Pour peu que Dieu lui prête vie. Je dois ajouter , par honnêteté intellectuelle , que Joseph Kabila n’est pas le seul qui mérite d’être félicité et encouragé. Dans son ensemble , la classe politique congolaise , malgré tout le mal qu’on dit d’elle , se comporte avec la dignité que notre peuple porte en lui. Les brebis galeuses ne manquent certainement pas.
- BN : Vous semblez le connaître personnellement ?
- Dominique Sakombi Inongo :Je l’ai vu pour la première fois , quand j’étais conseiller en Communication de Mzee Laurent-Désiré Kabila. Il était alors chef d’Etat major général adjoint des FAC. J’avais l’habitude de le croiser , par la suite , au bureau du Chef de l’Etat. Enfin , au moment où j’étais Secrétaire Permanent des Comités du Pouvoir Populaire (CPP) , le général-major Joseph Kabila était membre du Directoire de notre mouvement. Ce fut toute une école. C’est cette école des CPP qui nous a tous permis , en tant que membres du Directoire politique de mieux connaître la pensée de Mzee et l’idéologie de notre mouvement et de nous apprécier mutuellement. Joseph Kabila est issu de cette école.
- BN : Ses chances de succès ?
- Dominique Sakombi Inongo : Elles sont intactes et certaines , pourvu que son état-major de campagne , particulièrement ceux qui sont chargés de la communication politique du chef de l’Etat parviennent à tous vendre méthodiquement son image.
- BN : Un mot sur ses atouts personnels .
- Dominique Sakombi Inongo : La connaissance du pays et de l’homme congolais , qu’il gère au quotidien. Peu de candidats à la présidentielle ont , comme lui , une connaissance de la RDC dans ses profondeurs et ses diversités , à tous égards. Par ailleurs , la RDC n’aurait pas réussi le bilan politique actuel qui est le sien , si le capitaine du bateau n’était pas celui qu’il fallait. Retenez ceci : ces hommes font collectivement leur histoire. Mais , le chef de l’Etat est le catalyseur de la volonté nationale , en toutes circonstances. Tel est , à mon avis , Joseph Kabila.
- BN : Son tendon d’ Achille ?
- Dominique Sakombi Inongo : Il s’accorde trop de temps avant de décider. Il reflète , en cela Mzee Laurent-Désiré Kabila , dont on disait également lent à se décider. Tel père , tel fils ? … La politique , c’est aussi l’art de décider avec promptitude. Quitte à réctifier le tir , en cas d’erreur. Peut-être , en réalité , déteste-t-il la précipitation ? …
- BN : Etes-vous candidat à la députation ?
- Dominique Sakombi Inongo : Je brigue le mandat de de sénateur dans la ville de Lisala , dans la province de l’ Equateur.
- BN : Mais , pourquoi Lisala et pas Kinshasa ? Vous êtes pourtant Kinois , l’un des « enfants terribles » de Kinshasa des années 70 , ancien gouverneur de la Ville … Redoutez-vous une sévère sanction des kinois ?
- Dominique Sakombi Inongo : Pas du tout , bien au contraire… Pourquoi Lisala ? C’est la que mes parents ont vécu longtemps , de même que mon frère aîné . Un autre frère que vous connaissez , feu Denis Sakombi Ekope , y fut gouverneur du Moyen-Congo , à l’époqie de ce que l’on a appellé les « provincettes ». Un autre frère , fue Pierre Sakombi Mbaya fut ministre provincial de l’Education.
- BN : Vous allez à Lisala pour une histoire de famille ?
- Dominique Sakombi Inongo : Non. J’y vais pour assurer le bien-être des populations du Moyen-Congo , avec mon expertise , l’expérience accumulée en politique ainsi que mes nombreuses relations internationales . Ensemble , avec le gouvernement provincial , les hommes d’affaires et les populations , nous pouvons participer tous au développement intégral de notre province et permettre ainsi l’accroissement des investissements. J’ avais acheté un hôtel à Lisala , déjà en 1971 , d’un portugais …
- BN : Et , Kinshasa ?
- Dominique Sakombi Inongo :J’ouvre une porte pour les jeunes … J’ai consacré toute ma jeunesse à Kinshasa et les Kinois n’ont pas la mémoire courte , monsieur Bondo.
- BN : Justement , parlons de « sakombi » , l’unité de mesure des produits vivriers.
- Dominique Sakombi Inongo :A l’époque où j’étais gouverneur de la ville de Kinshasa , les ménagères étaient confrontées à la valse des étiquettes des produits vivriers , d’autant plus que les marchandes ne disposaient pas d’une unité de mesure commune. Pour gagner le rude combat contre la hausse des prix , j’ai commencé par réunir les quatre commissaires sous-régionaux à la Cité du MPR à Nsele , pour réflechir sur l’ensemble des questions économiques de la ville. Nous sommes tombés d’accord sur la nécessité de proposer aux vendeurs et acheteurs une unité de mesure commune et d’imposer l’affichage des prix.
- BN : Ainsi , vous avez également imposé le « sakombi » ?
- Dominique Sakombi Inongo : Non . J’ai d’abord eu plusieurs séances de travail à la salle Mongita entre vendeurs , d’une part , et , acheteurs , d’autre part , pour débattre des prix d’achat et de vente des produits et de leurs marges bénéficiaires. A l’issue de ces négociations , j’ai proposé une une unité de mesure , que j’ai commandée à la société Plastica. J’ai ordonné en même temps dans tous les marchés et wenze l’implantation des tableaux , sur lesquels furent inscrits les prix de tous les produits vivriers… Ce sont les vendeurs qui ont donné mon nom à cette unité de mesure.
- BN : Politiquement , que reste-t-il du « sakombi » ?
- Dominique Sakombi Inongo : M.Poubelle , préfet de police de Paris , en 1884 , imposa le récipient qui portera son nom , pour recueillir les ordures ménagères. Moi , j’ai imaginé le « sakombi » comme arme contre la hausse des prix intempestive. Que pourrai-je ajouter , quand on sait que la politique c’est l’art de gérer la cité ? Le « sakombi » se confond à Monsieur Sakombi et les Kinois et les Kinoises se souviendront de l’un et de l’autre pendant longtemps.
- BN : Avez-vous un rêve politique pour la RDC et le peuple congolais ?
- Dominique Sakombi Inongo : J’ai un rêve. C’est certain. La RDC et son peuple constituent des choix divins. J’entends par là qu’ils sont tous deux élus de Dieu. Dieu a pourvu à la RDC des richesses immenses et diversifiées , afin que ses enfants puissent réaliser leur destin prophétique.La RDC et son peuple , fruits de l’élection divine , doivent exécuter la volonté de l’Eternel , en respectant ses lois et ses commandements , en l’adorant et en le glorifiant. La RDC est appellée à devenir la locomotive de l’Afrique et plus tard des nations , pourvu que ses dirigeants et son peuple cherchent constamment la face de Dieu , dans tout ce qu’ils entrprennent.
- BN : Savez-vous qu’une opinion vous accuse d’avoir trompé les Congolais , en disant que Laurent-Désiré Kabila était vivant , le 16 janvier 2001 , alors qu’il était déjà mort ?
- Dominique Sakombi Inongo : De part ses fonctions , le ministre de la Communication ou de l’Information et Presse est le porte-parole du Gouvernement. En cette qualité , il ne peut rapporter , au nom du Gouvernement , son opinion ou son point de vue sur des questions liées à l’exercice du pouvoir. Tout ce qu’il dit en public , en sa qualité de porte-parole , engage non pas sa personne mais le Gouvernement , au nom duquel il s’exprime.
- BN : Alors , LDK était-il mort ce jour là ou pas ?
- Dominique Sakombi Inongo : Ce que j’ai dit à la télévision publique ce jour-là , en tant que ministre de la Communication et porte-parole du Gouvernement , je ne l’ai pas inventé . Après débats et délibérations , un communiqué a été rédigé et lu devant les membres du Gouvernement de Salut Public et du Haut commandement militaire. A l’issue de la lecture du communiqué , ils l’ont adopté à l’unanimité et m’ont chargé de le lire textuellement sur la station de la radiodiffusion et la chaîne de la télévision d’ Etat.
- BN : Pourquoi le Gouvernement et le Haut commandement militaire n’ont-ils pas voulu annoncer la mort de Kabila père , le même jour du 16 janvier 2001 ?
- Dominique Sakombi Inongo : Vous me demandez de vous fiare part des secrets des délibérations du Gouvernement ? J’ai prêté serment de garder les secrets de délibérations du Gouvernement . Je ne suis pas seulement un homme politique , je suis également et demeurerai un homme d’ Etat.
- BN : Dans le film « Mobutu , Roi du Zaire » , vous avez témoigné contre Mobutu…Vous avez dit beaucoup de mal à son propos. Finalement , vous avez donné une mauvaise image de vous-même.
- Dominique Sakombi Inongo : Le réalisateur de ce film , M. Thierry , est venu chez moi sans rendez-vous. C’était en 1995 , c’est-à-dire , une année avant le déclenchement de la guerre de l’ AFDL. Je n’étais pas chaud. J’avais même refusé… Il a insisté et j’ai enfin accepté de témoigner sur le président Mobutu , chez moi . J’ai parlé pendant longtemps devant l’objectif de la caméra de Thierry. J’ai fait la part des choses. Je n’ai rapporté que des faits vécus , à la fois positifs et négatifs. Je dirai même que j’ai rapporté plus defaits positifs , c’est-à-dire enfaveur du maréchal Mobutu que contre sa personne. Hélas , le réalisateur poursuivait un objectif précis que j’ignorais , en produisnat son film. Il a , en conséquence , choisi les passages de mon témoignage qui corroboraient son opinion sur Mobutu et son objectif.
- BN : C’est tout de même très fort.
- Dominique Sakombi Inongo : A ma conversion , j’ai témoigné sur ma vie passée. J’ai brossé un tableau très sombre de cette vie. J’ai dit des choses indicibles sur moi-même. Vous auriez voulu que je ne dise que du bien sur l’ancien chef de l’Etat ? Mon témoignage n’aurait pas été complet ni crédible.
- BN : A votre conversion , avez-vous reçu de Dieu mission de convertir les Congolais ?
- Dominique Sakombi Inongo :Lorsque je me suis converti , Dieu m’a donné une mission comme celle de Jean-Baptiste : la voix qui criait dans le désert en disant et répétant : « Répentez-vous , car le Royaume des Cieux est proche ». Dieu m’avait instruit de dénoncer tout ce tout ce que les dirigeants congolais avaient pratiqué comme occultisme , afin que l’ Eglise puisse intercéder pour sa délivrance , car ils avaient fait par ignorance ou par désobéissance. Ma mission fut un appel à la conversion du peuple congolais , y compris le président Mobutu. Si le maréchal avait écouté la Parole de Dieu et s’il s’était converti , il serait , sans nul doute , vivant jusqu’ aujourd’hui . Après ma conversion le 08 mars 1989 , alors que j’étais ministre de l’ Information et de la MOPAP , j’ai pu avoir l’occasion de lui en parler à deux reprises , mais j’ai eu la nette conviction , plus tard , que c’était plus fort que lui. C’est alors que Dieu me donnera l’ordre de témoigner publiquement au risque d’être frappé de mort. Fallait-il obéir à Dieu ou aux hommes ?
- BN : Que reste-t-il de aujourd’hui de votre message de conversion des âmes ?
- Dominique Sakombi Inongo : Dieu réitère , aujourd’hui , ce message pour tous les Congolais et particulièrement pour tous ceux qui dirigent au moyen de sciences occultes et qui passeront comme des feuilles mortes. Seuls les fondements du Christ subsistent et donnent la vraie paix , la vraie joie dans les peuples. Je répète « Répentons-nous car Dieu est le Tout-Puissant , et toutes les sciences occultes sont minimes devant lui ». Je suis bien placé pour le clamer encore aujourd’hui , car j’en ai fait l’expérience.
- BN : On dit de vous que vous étiez un proche camarade de Laurent-Désiré Kabila ? Vous appréciait-il ?
- Dominique Sakombi Inongo :Je fus effectivement très proche du frère Prèsident , comme je l’appelais. C’est lui-même qui , en 1997 , m’ a demandé de travailler à ses côtés , afin de lui apporter mon expertise , mon savoir-faire bref toute ma collaboration . J’ai eu de multiples entretiens , de nombreuses séances de travail en tête à tête avec lui. Il m’avait fait l’honneur de présenter au peuple congolais , en son nom , les voeux de Nouvel An 2001. J’ai reçu des instructions de rédiger et de lire ce message , après briefing , en présence de son directeur de cabinet adjoint chargé des questions juridiques . J’ai associé à la rédaction de ce message présidentiel de fin d’année mon directeur de cabinet adjoint de l’époque , M. Pierre Ndombe , qui du reste est le Directeur de Publication de SALONGO , votre journal. Bref , j’ai apporté à Mzee toute ma collaboration sincère et entière. En toute modestie , je dirai qu’il a constamment apprecié cette contribution à sa juste valeur . Plus d’une fois , il a pris ma défense contre mes détracteurs , contre des personnes méchantes .
- BN : Politiquement , il me semble que vous avez beaucoup perdu , depuis la mort de Mzee Kabila. Le confirmez-vous ?
- Dominique Sakombi Inongo :Ce n’est pas parce que je ne suis pas membre de cabinet de Joseph Kabila que j’ai nécessairement perdu politiquement. La force d’un homme politique ne réside pas dans son commerce assidu avec le Chef. C’est sa vision et son combat politiques , son apport intellectuel , moral et politique qui constituent le levier de ses actions , partout où il exerce les charges de l’ Etat . Je ne suis pas un homme qui joue les influences. Je suis à la fois un libre penseur , un concepteur d’ habitude et un travailleur méthodique.
- BN : C’est pour cela que vous avez accepté de n’être qu’un vice-président à la Haute Autorité des Médias ( HAM) ? Ne méritez-vous pas mieux ?
- Dominique Sakombi Inongo : Mes fonctions à la HAM relèvent de l’ Accord global et inclusif de Pretoria et ne constituent nullement un mérite ni un désaveu de ma personne par le chef de l’ Etat. Je n’avais pas demandé à être désigné à la HAM. J’ai longtemps travaillé dans le secteur des médias , dans lesquels j’ai de nombreux confrères , de nombreux amis … Pensez à tout ce que j’ai fait en faveur de le presse dans notre pays : construction de la Cité de la RTNC , des maisons de radio et de télévision en provinces , création du RENATELSAT avec ses stations de radio et chaîne de télévision , réalisation de l’ISTI ( IFASIC) , etc.
- BN : Vous avez le dernier mot .
- Dominique Sakombi Inongo :Je vous remercie .
Paru dans Salongo Hebdo n° 0294 du 7 au 13 avril 2006 .
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